"[...] Dans
le brouhaha [médiatique], l'essentiel se noie dans l'anecdote. Au bout du
compte, l'opinion se lasse et n'y comprend plus rien1"
1Eva Joly, Notre affaire à tous, 2002, Ed. Folio, p. 19.
"On peut et on
doit lutter contre l'audimat au nom de la démocratie. Cà paraît très paradoxal parce que les
gens qui défendent le règne de l'audimat prétendent qu'il n'y a rien de plus démocratique,
qu'il faut laisser aux gens la liberté de juger, de choisir. L'audimat, c'est la sanction du marché,
de l'économie, c'est-à-dire d'une légalité externe et purement commerciale, et la soumission
aux exigences de cet instrument de marketing est l'exact équivalent en matière de culture
de ce qu'est la démagogie orientée par les sondages d'opinion en matière de politique. La
télévision régie par l'audimat contribue à faire peser sur le consommateur supposé libre et
éclairé les contraintes du marché, qui n'ont rien de l'expression démocratique d'une opinion
collective éclairée, rationnelle, d'une raison publique, comme veulent le faire croire
les démagogues cyniques.2"
2Pierre Bourdieu, Sur la télévision, 1996, Ed. Raisons d'agir, pp. 77-78.
"En politique, l’argent pose
un problème crucial, car il pervertit les institutions démocratiques lorsqu’il exerce une influence indue sur le résultat
des élections ou sur le vote du législateur. Aux Etats-Unis, les débats récents sur la réforme du
financement des campagnes électorales et les liens financiers entre la société Enron et des personnalités
politiques des deux principaux partis du pays montrent qu’il s’agit là d’une préoccupation
sérieuse, pour les démocraties anciennes comme pour les plus récentes.
Aux Etats-Unis, les candidats à l’élection présidentielle de 2000 ont dépensé 343 millions de
dollars pour leur campagne, contre 92 millions en 1980. [...]
Selon des études récentes réalisées en Amérique latine et en Europe centrale et orientale, la population
fait davantage confiance à la télévision qu’aux partis [politiques]. [...] Cependant Les médias
ne peuvent être pluralistes et indépendants qu’à condition d’échapper au contrôle de l’Etat mais aussi aux pressions
des entreprises et de la sphère politique. Même si, avec la libéralisation des marchés et l’intégration
économique, les médias sont de moins en moins la propriété de l’Etat, et se trouvent de
plus en plus concentrés entre les mains de puissants intérêts privés. Ainsi, quatre groupes privés
possèdent 85 % des quotidiens britanniques, qui représentent les deux tiers des tirages. Et, aux
Etats-Unis, six entreprises contrôlent l’essentiel des médias3."
3Rapport Mondial sur le Développement Humain 2002 du PNUD. pp 18-20
"Qui
peut nier que la relation entre les politiques et l'opinion dépend de l'information
et de la communication, c'est-à-dire des budgets et des circonstances médiatiques. D'où
vient l'argent ? Telle est la question la plus importante de l'ordre démocratique ? La
passion de la liberté n'explique pas tout. La manipulation est inscrite dans toute campagne [électorale] et les "forces tranquilles" sont
des poisons au même titre que les grands intérêts nationaux qui, le plus souvent, sont des
potions guerrières. [...] Le système démocratique, en tout cas dans sa forme actuelle, est
obsolète au niveau d'une dimension planétaire, ayant démontré ses limites et ses dangers, au
titre de l'histoire particulière de chaque nation4."
4André Parinaud, La dénonciation : la fin d'une société de mensonge, 2000, Ed. Anne Sigier, pp. 124-126.
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