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 Accueil / Le coin des Lumières / Alexis de Tocqueville (1/3)

[WAI: portrait d'Alexis de Tocqueville] Un chercheur de la démocratie

Alexis de Tocqueville (1805-1859)


       Charles Alexis Clérel de Tocqueville est né à Verneuil-sur-Seine en 1805. Issu de la vieille noblesse féodale normande, il étudie le droit et obtient un poste de juge auditeur en 1827. A partir de 1828, Tocqueville dénonce les fautes politiques et l'autoritarisme du roi. En 1831, il propose au ministère d'aller étudier le système carcéral aux Etats-Unis. De ce voyage de neuf mois, il ramènera les matériaux nécessaires à la rédaction de son ouvrage De la démocratie en Amérique qui paraîtra en 1835. Ayant renoncé à tout espoir de carrière dans la magistrature, il se lancera dans une carrière politique et sera élu député lors de la IIème République. Retiré de la vie politique et opposant irréductible du Second Empire, il écrira L'Ancien Régime et la Révolution en 1856 avant de mourrir de la tuberculose en avril 1859.
       Ses analyses sur le système démocratique peuvent être qualifiées de visionnaires tant elles apparaissent judicieuses 150 ans plus tard.

De la démocratie

       "A mesure que j’examine de plus près les besoins et les instincts naturels des peuples démocratiques, je me persuade que, si jamais l’égalité s’établit d’une manière générale et permanente dans le monde, les grandes révolutions intellectuelles et politiques deviendront bien difficiles et plus rares qu’on ne le suppose.
[...]
       Oserai-je le dire au milieu des ruines qui m’environnent ? ce que je redoute le plus pour les générations à venir, ce ne sont pas les révolutions. Si les citoyens continuent à se renfermer de plus en plus étroitement dans le cercle des petits intérêts domestiques, et à s’y agiter sans repos, on peut appréhender qu’ils ne finissent par devenir comme inaccessibles à ces grandes et puissantes émotions publiques qui troublent les peuples, mais qui les développent et les renouvellent. Quand je vois la propriété devenir si mobile, et l’amour de la propriété si inquiet et si ardent, je ne puis m’empêcher de craindre que les hommes n’arrivent à ce point de regarder toute théorie nouvelle comme un péril, toute innovation comme un trouble fâcheux, tout progrès social comme un premier pas vers une révolution, et qu’ils refusent entièrement de se mouvoir de peur qu’on ne les entraîne. Je tremble, je le confesse, qu’ils ne se laissent enfin si bien posséder par un lâche amour des jouissances présentes, que l’intérêt de leur propre avenir et de celui de leurs descendants disparaisse, et qu’ils aiment mieux suivre mollement le cours de leur destinée que de faire au besoin un soudain et énergique effort pour le redresser.
       On croit que les sociétés nouvelles vont chaque jour changer de face, et, moi, j’ai peur qu’elles ne finissent par être trop invariablement fixées dans les mêmes institutions, les mêmes préjugés, les mêmes moeurs ; de telle sorte que le genre humain s’arrête et se borne ; que l’esprit se plie et se replie éternellement sur lui-même sans produire d’idées nouvelles ; que l’homme s’épuise en petits mouvements solitaires et stériles, et que, tout en se remuant sans cesse, l’humanité n’avance plus.1"


1Alexis de Tocqueville, Textes essentiels, 2000, Ed. Pocket, pp.148-150.
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